Notes hebdomadaires #37
La semaine des évidences bonnes à rappeler : la tech continue d’être politique, les hommes n’ont pas d’amis, diversifier ses médias sociaux ça demande des efforts, le développement personnel peut être aliénant, néolibéral et individualisant, et les jeux vidéos c’est le bien.
Hey, ça fait longtemps ! Dont acte : la mise à jour d’aujourd’hui est très longue, et m’a pris beaucoup de temps à écrire. Est-ce que vous trouvez de l’intérêt à ces notes ? Est-ce qu’il y a des parties qui vous intéressent beaucoup plus que d’autre, et si oui, lesquelles ? N’hésitez-pas à me l’indiquer en réponse au toot associé, ou par email.
Je reviens d’un petit tunnel où j’ai passé beaucoup de mon temps libre à préparer une présentation pour la conférence Rust in Paris. Beaucoup d’heures à lire des billets, de la documentation, écouter des podcasts également, pour apprendre plein de choses sur la compilation des projets Rust et faire des petites expériences. Malgré un petit revirement de dernière minute (moi qui décide la veille que mes slides ne sont pas bons, et décide de les reprendre de zéro vers minuit), je suis plutôt satisfait ; outre un dépassement honteux du temps de présentation (50% de plus que ce qui m’était alloué, dans un esprit de soldes — 2 quarts d’heures achetés, le 3ème offert), j’ai eu des retours positifs de la part de plein de gens — et les orgas étaient assez généreux pour ne pas m’en vouloir. Je posterai un lien vers la vidéo sur les médias sociaux, quand elle sortira.
Je vais (peut-être ?) pouvoir reprendre une activité normale, à base de notes hebdomadaires, et j’aimerais reprendre l’écriture de mon article sur Spotify, quitte à découper en plusieurs articles pour me motiver. Affaire à suivre.
Vu / Lu / Écouté / Joué
- 📺 Vu Bref, saison 2 (sur Disney+), la série qui n’est plus brève, vu que les épisodes durent désormais 40 minutes environ. Alors certes une très bonne ouverture à la déconstruction masculine, mais je trouve que ça reste des problèmes « de mec », pas abordés avec tant de profondeur que ça. Une série par les mecs, pour les mecs 🙃
- 🎮 Beaucoup joué à Balatro ces derniers temps, un jeu de poker très addictif où l’on peut placer des jokers qui permettent de changer les règles. D’aucuns le décrivent comme un jeu à machine de Rupe Goldberg (du style Les incroyables machines du professeur Tim), et je vois bien pourquoi. En tous cas, gros kiff sur ce jeu à cycle de dopamine très très court, parties rapides à jouer, courbe d’apprentissage très basse. Très bien/10.
- 🎮 Commencé aussi Nobody saves the world, un jeu de plateforme dans lequel on incarne Nobody, un·e personnage sans pouvoirs, mais qui acquiert rapidement une baguette magique qui lui permet de se transformer en d’autres personnages plus ou moins farfelus (j’ai débloqué : rat, garde, limace, rôdeuse, et jument pour le moment). Le jeu se transforme donc lui-même en un RPG avec plusieurs personnages, et on peut (et en fait, doit) passer son temps à intervertir d’un personnage à l’autre. Très cool comme concept, à voir si ce n’est pas lassant sur la suite. A priori pas trop mon style de jeu, vu que je ne suis pas très platformer 2D.
- 🎮 Hey mais en fait c’est les soldes Steam. J’ai aussi commencé le célèbre precision platformer Celeste, comme j’apprécie de pouvoir jouer « en mode console » sur mon SteamDeck (je n’avais pas trop apprécié sur PC).
- 🎮 Aussi commencé Cult of the Lamb, à mi-chemin entre un hack’n’slash et un simulateur de construction, où l’on incarne un petit mouton qui se voit offrir un pouvoir diabolique afin de monter une secte. Très décalé, marrant, cynique : c’est fun !
- 📚 Commencé Slow Productivity de Cal Newport, dans la lignée de Deep Work. L’auteur invite à repenser la productivité non pas d’un point de vue capitaliste, mais plutôt du point de vue de l’efficacité et pour éviter l’aliénation liée à la pseudo-productivité (passer tout son temps à faire des choses visibles pour ses patron·nes, mais pas vraiment utiles ou accomplissantes en soi), dans les métiers dits « du savoir ». Pas pour tout le monde, clairement ; mais j’adore l’approche originale et les outils inédits pour s’accomplir dans le travail. Et vu que c’est quasi la moitié de mon temps éveillé…
- 📚 Commencé également la BD La pythie vous parle, de Liv Stromquist. Encore un excellent traité de sociologie / psychologie / féminisme, cette fois centré sur beaucoup de notions de développement personnel, qui est analysé et déconstruit avec une finesse toujours très juste. Moi qui suis très consommateur de ce genre d’ouvrages, c’est une lecture qui remet les pendules à l’heure. C’est dur de le conseiller, au vu de la méta-critique des « conseils » présente dans l’ouvrage, mais franchement, si une déconstruction du développement personnel vous intéresse, foncez !
Articles et billets
- I am a transwoman I am in the closet I am not coming out : une femme trans qui décide de ne pas se dévoiler, et se prend des grosses chasses, dans des milieux soit-disant bienveillants et féministes. Même dans des milieux militants, on retrouve des positions autoritaires, de sachant·es, de légitimes ou non — pas une nouveauté, mais dur à lire dans le contexte de cette histoire si particulière.
- Les hommes n’ont pas d’amis et les femmes en portent le fardeau – Tiens, ils ont repeint. : sur l’impossibilité des hommes à faire lien entre eux, et l’injonction qui en découle, portée sur les femmes d’entretenir la santé mentale des hommes. Aïe aïe aïe, ça pique. Je commence à me convaincre de la pertinence de groupes de parole pour hommes, moi qui étais naturellement très méfiant par rapport à ça au préalable, y voyant le risque d’une porte d’entrée vers la sphère mascu-viriliste. Alors je cherche et découvre des « cercles d’hommes » dans mon coin, qui parlent d’« énergie sacrée » et de « l’essence » d’être un homme. Aïe aïe aïe x2 ; outre le mysticisme qui ne m’attire pas personnellement, ça pue le discours essentialiste à plein nez. L’impression que si je veux un groupe de paroles, il va falloir le mettre en place moi-même. Mais peut-être faut-il leur laisser le bénéfice du doute, et tenter d’y aller.
- Tech continues to be political : excellent article, très bien argumenté, sur les dérives vers une extrême droite libertarienne du monde de la tech, entre une intelligence artificielle dont le dessein est de supprimer des pans entiers d’emplois (avec toujours des propositions de pansements sociétaux et de solutions politiques, mais rien jamais mis en place), et une clique de tech-bros américains complètement décomplexée depuis l’élection de l’horreur orange.
- En parlant de la menace orange, Don’t Believe Him dévoile une stratégie classique de l’apprenti dictateur : noyer les médias sous trop d’informations et trop d’annonces de politiques misogynes/racistes/transphobes qu’il ne peut pas mettre en place, sans se prendre théoriquement les contre-pouvoirs. Mais comme il est hyper important de gagner l’aval du peuple américain, et de lui faire croire qu’il a ce pouvoir, il continue, d’où l’importance de ne pas le croire.
- Encore des odes à la blogosphère, à l’écriture personnelle : The Web is Fantastic, extrêmement inspirant — vous risquez de vouloir commencer un blog après avoir lu ça, si ce n’est pas encore le cas. Bloguer sans pression pour bloguer davantage ? aussi une bonne idée pour « s’y mettre » plus régulièrement. Less Precious met en avant notre impossibilité de contrôle des plateformes sociales où nous postons, et notre croyance qu’elles sont inévitables ; et bien entendu propose le site personnel comme alternative plus précieuse, sous notre contrôle.
- Shabbeek - Frédéric Couchet / Socials-free February - I am BARRY HESS : des gens qui veulent arrêter les réseaux sociaux, soit pour faire une diète, soit pour éviter le trop-plein de malheur projeté en pleine face. Je me rends compte que j’ai paradoxalement tendance à passer trop de temps sur les médias sociaux, un peu par réflexe d’ennui — et en même temps™, en souffrir au vu de l’actualité qui est très (trop) présente et m’assomme complètement. Il est aussi temps de faire une pause pour moi.
Veille tech
- Le compilateur TypeScript a été réécrit pour utiliser le langage de programmation Go, ce qui le rend 10x plus rapide. Quelques analyses de la part de Steve Klabnik, qui discute du choix du langage ; et une réponse assez complémentaire à son article : Choosing Languages, Deliberately choosing the wrong tool.
- Contre la loi surveillance et narcotraficotage, la Quadrature du Net effectue encore un travail de vulgarisation et d’éclairage important. Et qui semble avoir payé, vu que depuis la publication de l’article, beaucoup des amendements problématiques ont été supprimés (j’avoue ne pas avoir suivi en détail où ça en est, étant un peu dépité de toute cette actualité fascisante).
- I wanted to analyze the gender distribution of my social profile, so I wrote some code. Introducing Mastodon Proportional.. Un ancien collègue a écrit un outil qui se connecte à votre compte Mastodon, va chercher dans les profils des informations sur le genre des personnes que vous suivez et qui vous suivent. Fascinant pour découvrir ses propres biais, autant vous dire que c’est pas la folie en termes d’inclusivité, de mon côté. Rien de nouveau sous le soleil, la diversité ça se travaille, ça se provoque ; allez, au boulot.
- Tweek est une petite app de todo-list et gestion d’agenda, très minimaliste, utilisable gratuitement en ligne.
- Mojeek, un moteur de recherche qui se dit respectueux de la vie privée. Il classe notre projet open-source de gestion de finances personelles Kresus avant les « concurrents » homonymes ; rien que pour ça, moi je dis, 10/10.
Logiciels libres
- Comme Mozilla fait des siennes de nouveau (et essaie de rattraper le coup, et se plante de nouveau), je regarde doucement des navigateurs alternatifs, basés sur Gecko, le même moteur de rendu[1] : il existe donc LibreWolf, ou le resplendissant et minimaliste Zen. Au final, je resterai probablement sur Firefox, histoire de recevoir les dernières mises à jour de sécurité le plus vite possible, comme je porte une confiance très élevée en les équipes techniques de Firefox.
- SiYuan, un logiciel open-source de gestion de notes qu’il a l’air bien — pas de synchronisation dans la version gratuite auto-hébergeable.
- Mimiri, autre logiciel de prise de notes open source, avec synchronisation cloud, chiffrement bout à bout, version Web. Ne semble pas très beau, et très minimaliste, mais doit bien faire le taf.
- J’ai joué un peu avec TabbyML, un système permettant de répliquer une IA pour l’écriture de code localement, après avoir utilisé Copilot (oui Micro$oft, c’est mal, m’voyez). Très bonne intégration avec Vim, mais il faut des modèles très solides pour arriver à des résultats intéressants. Et ces modèles ne peuvent pas tourner sur ma machine, au delà de 7 milliards de paramètres — tant pis ! Sur les petits modèles, la plupart de mes complétions suggérées était hors sujet, ou hallucinait des fonctions inexistantes.
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même si c’est un peu équivalent à arrêter d’utiliser les réseaux d’eau publique pour boire l’eau mise en bouteille par son voisin complotiste. En théorie tout est open-source, en pratique c’est facile de glisser un bug de sécurité qui mènerait à la compromission de la machine, volontairement ou non. ↩